1
   Dans les hautes fougères entourant le campement, elle sentait le regard du fauve peser sur elle, mais contrairement à líaccoutumée, la jeune elfe níeut pas peur, cette fois elle savait quíil était la pour la protéger, et que jamais il ne faillirait à la promesse qui lui avait été arrachée. Sans pouvoir síen empêcher, Glamariel se remémora son étrange rencontre avec la créature qui líépiait depuis toujours lui semblait-il.

2
   Elle revoyait devant ses yeux la rencontre qui avait attiré le félin vers elle. L'elfe avait été attaquée par quelques voleurs de grand chemin, et entendant ses cris de détresse, l'animal était venu à son aide. Elle se demandait encore comme une bête pouvait avoir voulu sauver une créature intelligente, mais préférait ne pas trop se poser de questions. Revint ensuite l'image quelle avait vécu alors qu'elle était assise sous un arbre le félin couché sur elle, la tête reposant sur ses jambes croisées, caressant doucement l'encolure de l'animal. Le poil noir de la panthère était si soyeux!
    Tout à coup, elle fut distraite de ses pensées par un bruit qui ne venait pas de la direction où elle savait l'animal.

3
   A l'aube, les premiers vents se levèrent, caressant le visage de L'elfe endormit. en ouvrant les yeux elle s'aperçu que Tamlan n'était plus là. Partit? le bruit d'une longue inspiration la fit se lever. elle découvrit l'homme, agenouillé, les yeux baissé vers la terre. Elle ne sut dire a quoi lui faisait penser cette image,...un rituel? une méditation? Elle fit le vide dans son esprit et s'assit a côté du feu mourrant sans détourner les yeux. Tamlan avait un air sombre et pourtant paisible, est ce que ses anciens camarades étaient comme lui?... elle comprit d'où venait le nom des Ombrageux. Elle regardait la flamme de l'âme danser et envelopper la silhouette puissante qui semblait se fondre avec l'air et les arbres et le sol et ...et ...Le souffle coupé; il avait disparut, son corps s'était dispersé en une infinité d'atomes pour se reformer l'instant d'après . Il leva la tête et dit d'une voix claire et sûre:
- Par là.

4
   A la limite extrême de la lumière émise par le feu de camp crépitant, elle vit les feuilles du sous-bois s'agiter faiblement, avant de cracher une ombre furtive... Celle-ci semblait se fondre avec le sol, se déplaçant comme en un glissement silencieux. La lumière tremblotante des flammes semblait absorbée par la créature, et Glamariel eut soudain l'impression que c'était les ténèbres mêmes de la nuit qui s'épaississaient...

***

5
   Au même moment, dans une ruelle sombre de la ville-relais de Dagra, un homme ouvrait ses yeux après des heures de coma. Tamlan se flatta d'avoir survécut au puissant poison versé dans sa cervoise par le revendeur de Kâmenn. C'est qu'il était bien battit, et il s'étonna qu'un petit bougre eu l'audace de s'attaquer (lâchement, soit) à lui. Il se retrouvait évidemment sans bourse, sans armes et sans ces maudites pierres pour lesquelles il avait traversé tout le pays.

***

6
   Glamariel regardait en tout sens pour essayer de trouver la source de cet ombre qui avait disparu, mais ne trouva rien. Elle entendit le sombre grognement qui lui était presque familier de la bête enfouie dans les feuillages. L'animal sortit à la lueur du feu, fit le tour de lui en lançant des regards à chaque coin, et finalement il s'effondra devant les flammes.
- Ce devait être un animal sauvage, dit-il paresseusement. La jeune elfe ne s'habituerait jamais à entendre un animal parler, même si elle savait qu'il était un humain auparavant.
- Quantal, dit-moi, veux-tu enfin me raconter comment tu es devenu un... animal?

7
   La panthère étouffa le bâillement qui étirait sa mâchoire pour commencer à raconter l'histoire qu'il avait tant de fois narré avec toujours la même mélancolie.
- Hé bien, avant que je ne soit transformé, j'étais un mage assez puissant, quoique très vaniteux, et lorsque quelqu'un de plus puissant que moi me proposa un duel, je níai pu m'empêcher d'accepter, et j'ai perdu, alors il m'a condamné à errer jusqu'à ce que je trouve une solution à ma malédiction. Il m'a laissé l'usage de la parole pour me permettre encore quelques sorts, mais mon registre n'est plus ce qu'il était. Je ne pourrai reprendre ma forme originale lorsque j'aurai fait 10 gestes très courageux, et je peux dire que cela me fait peur. Avant, sous ma forme humaine, je n'aurais jamais osé avouer que j'avais peur, mais à présent, tout est bien plus différent, on voit tout sous un autre angle lorsqu'on entre dans la peau d'un autre. Mais toi, que fais-tu dans cette forêt à te faire attaquer ainsi? Une fille comme toi ne devrais pas être là, seule, dans les bois!

8
   Glamariel fixa les flammes quelques instants avant de parler.
- Avant je vivais dans une ville, une des plus grande, elle se nommait Coloutardes, et j'y était avec ma famille, mais un jour, mon père a disparut, et alors d'affreuses rumeurs ont commencés à circuler, il avait l'intention de faire un coup d'état, il trahissait ma mère avec une humaine, et d'autres sornettes aussi peu fondées que si on disait que les astres étaient des petits feux qui brûlent dans le lointain. Nous avons alors commencé à être ridiculisé publiquement. Ma mère, ne pouvant plus en supporter d'avantage nous fit déménager mes frères et moi dans une petite maison en lisière de la ville, mais les gens interprétèrent cette démarche comme une fuite, et nous fument pourchassés pour être enfermés dans les geôles du château du seigneur, mais j'ai pu y échapper, alors je suis proscrite dans cette cité, si j'y remet les pieds, je serai exécuté pour avoir fuit la justice.
- Quel terrible châtiment... je suis triste pour toi l'elfe, dit Quantal.
    Glamariel détestait se faire appeler l'elfe, mais elle devait l'accepter, car la panthère ne lui avait donné aucun autre nom que celui la.

9
   Vlad rampait maintenant péniblement dans les fourrés, s'appliquant à être le plus silencieux possible. Il síarrêta bientôt pour porter son regard en direction de la clairière. Dans sa position il ne pouvait encore voir que les flammes du campement qui dansaient entre les brindilles. Le moment viendrait bien où il devrait se relever, il le savait, il ne pourrait atteindre la fillette avec précision sans distinguer sa silhouette. Il connaissait bien sûr les techniques permettant de repérer une cible au son de sa voix, mais celle-ci, il devait impérativement la toucher en plein coeur. Le bourgmestre de Coloutardes avait été plus que clair sur la question, et la prime promise était largement à la hauteur de la tâche. Vlad se releva donc avec toute la dextérité et la prudence qu'il avait acquise durant ses longues années de chasse à l'homme. Bien qu'étant imperceptibles de l'extérieur, l'homme sentait bien les tremblements qui agitaient son corps. Il était enlacé par la peur, et pour cause! Il avait bien failli se faire repérer lors de sa première tentative quelques minutes plus tôt, et une autre personne, repérée à sa voix, accompagnait encore la jeune elfe. Le chasseur de prime se tint bientôt debout malgré la crainte qui le tiraillait. Il voyait maintenant l'elfe, tournée vers le feu. Seul, un grand félin était étendu à ces côtés, la seconde personne dont il avait entendu la voix devait donc être dissimulée quelque part, mais où? Tant pis, l'occasion était trop belle et l'image de la récompense revenait déjà à l'esprit de Vlad. Il banda son arc, visa. Un frémissement traversa le corps du félin, il faudrait encore éliminer ce gros matou, voir même contrer une éventuelle attaque, c'était risqué... La prime toucha à nouveau ses pensées, la flèche enchantée parti droit sur sa cible.

10
   Glamariel entendit le sifflement, vit Quantal foncer vers elle, puis la douleur au flanc, le métal entrant dans ses chaires, et puis tout se passa au ralentit. La contraction des muscles de la panthère, le cri qu'elle avait jeté, la chute du corps qui devait être celui de son agresseur, la vue qui se brouilla, puis le doux visage qui lui semblait familier qui la regardait tristement. Soudainement, elle le reconnut.
- Qu... Quantal... Je crois que j... je meurs. Je... tout devient si sombre... mais... j'était ta... dixième bonne action?
    Lorsqu'elle vit le sourire triste de l'humain qui la maintenait dans ses bras près de sa poitrine réconfortante, elle comprit qu'elle l'avait libéré du mauvais sort qui l'accablait.
- Glamariel, je te suis reconnaissant, tu m'as aidé à redevenir moi-même, mais changé. Je suis heureux, au lieu d'être acerbe. Tu m'as changé en quelque chose de meilleur, et pour te remercier, je vais te donner un cadeau.
- Mais... je ne pourrai pas m'en servir, je... vais mourir, et seuls les pr... prêtres ont des pouvoirs de guérison assez f... forts pour me soigner.
     L'homme sourit à nouveau, mais cette fois avec plus de conviction.
- Il se trouve, l'elfe, que j'ai quelques petits cadeaux que m'a laissé un prêtre après que je l'ait aidé sous ma forme animale...
     Il déposa doucement l'elfe sur le sol, lui baisa le front, et y posa un petit cristal qui émit un sifflement en lançant des éclats de couleur en tout sens. Bientôt, Glamariel sentit la douleur s'estomper, et au travers du voile de brouillard qui la recouvrait du monde extérieur, elle entendit la voix de Quantal dire :
- Hey l'elfe, ce sort permet de te soigner, mais il nous sépare jusqu'à ce que nous nous retrouverions, je te souhaite bonne route, et en espérant te revoir un jour peut-être. Adieu."
     Glamariel posa la tête sur le sol, et vit l'homme qui lui avait tiré cette flèche dont elle sentait encore la pointe en elle, malgré les effets du sort. Le bout de métal était resté en elle. L'elfe conçu pour le première fois de sa vie une haine terrible, mais sa vengeance dut attendre, car elle tomba inconsciente, étendue sur le sol, complètement dépourvue d'aide.

***

11
   Les paupières de Glamariel étaient dures à écarter, plus lourdes que jamais auparavant. Elles semblaient être deux rocs inamovibles. Puis, la lumière s'offrit à ses yeux trop sensibles par la longue période d'obscurité qu'ils avaient vécu. Lorsque enfin ses paupières s'écartèrent, elle pu constater qu'elle n'était plus dans la forêt mais dans une maison au charmant décor accueillant. Les murs étaient en bois, les meubles usés mais semblaient confortables, et les rideaux malgré leurs trous dégageait une espèce de personnalité qui émanait sûrement de leur longue histoire. Se dressant sur un coude, Glamariel écouta attentivement les sons que produisait la maison. Quelques craquements causés par des pas, des chuchotements, des glissement, des éclats de rire réprimés tout de suite par un "chut" plus sonore que les rires, etc. Finalement, la porte de la pièce dans laquelle se trouvait l'elfe s'ouvrit pour montrer une femme grassouillette au visage empourpré qui sursauta en la voyant ainsi dressée dans la lit.
- Bonjour mademoiselle, je suis désolée de vous réveiller, mais... mais j'étais venue chercher des couvertures pour Delvam.
     Glamariel se sentait perdue, et elle ne savait quelle question poser en premier.

12
- Où suis-je? qui êtes-vous? qu'est-ce qui c'est passé? qui est Devlam? qui,... que,... je...
     Glamariel avait tenté de poser toutes les questions qui lui torturait l'esprit, mais elle n'arrivait plus à parler, elle avait la bouche trop pâteuse. La femme devant elle sembla s'en rendre compte et sortit en trombe de la chambre pour aller chercher un peu d'eau et la lui donna à boire. Avalant goulûment le liquide rafraîchissant, l'elfe se détendit un peu, et lorsqu'un petit garçon entra dans la chambre, elle pu le regarder autrement que comme une menace, comme elle l'avait fait pour sa mère. L'enfant avait les yeux de sa mère, mais ils étaient rougis par la grippe qui l'infectait.
- Devlam, je t'avais dit de m'attendre dans ton lit, tu risque d'infecter toute la maison! allez, viens mon coeur, ce n'est pas grave, nous allons simplement aérer la maison avant leur retour!
- Maman, qui est-ce, interrogea-t-il en regardant Glamariel.
- C'est...
- Je vais me présenter, madame, je suis Glamariel, une elfe venant de Tramark, une ville du sud, et toi, tu est Devlam? c'est un joli nom!
     Le sourire radieux de Devlam sut raviver Glamariel autant que si elle avait passé des journées à se soigner.

13
- Bien Devlam, retourne dans ton lit avant de rendre cette demoiselle malade!
    Le petit garçon quitta la chambre de l'elfe sans perdre son sourire émerveillé, après tout, c'était la première fois qu'il en voyait une en vrai.
- Ou sommes-nous, je vous prie? demanda Glamariel.
- A Dagra, c'est une ville importante mais dangereuse; beaucoup de commerce, de marché noir et de brigands... Enfin, vous avez eu de la chance, mon enfant, de ne pas tomber sur l'un d'eux.
- mmmh... Je ne me souviens de rien - l'image de Quantal lui traversa l'esprit- ...presque rien. Qui m'a amené ici? Est-ce vous?
- Oh non! je n'vais plus dans les bois depuis longtemps, c'est Tamlan qui vous a trouvé.
- Oui c'est moi. Aubergiste, merci de tes soins, j'aimerais lui parler a présent.
    La haute silhouette de l'homme apparut soudain devant la porte. il entra, prit une chaise et, sans laisser Glamariel dire un mot, il commença:
- Je sais qui tu es; tu a parlé dans ton sommeil. Je suis Tamlan , Guerrier, et je viens de très loin. Je cherche un certains nombre de Kâmmen, quand je t'ais trouvé tu en avais un sur toi. Je le garde en guise de récompense pour t'avoir aidé et...
- Mon cristal... rends le moi!
- Je n'ais pas fini! Glamariel se tut, Faisons un marché: tu cherche à retrouver Quantal et moi ces pierres, alors faisons équipe, je te protègerais et vous me paierez avec des Kâmmen . Qu'en dis-tu?

14
    Glamariel se permit de détailler l'homme, de la tête aux pieds. Il était grand, avait des cheveux bruns un peu en bataille, et des yeux verts qui semblaient refléter la lumière, comme les yeux des chats. Le marché que lui proposait l'homme lui semblait à peine acceptable. Faire équipe avec cet... ce guerrier. Impensable. Mais pourtant, elle allait avoir besoin d'aide pour retrouver Quantal, et rien ne pourrait l'aider plus que d'avoir à ses côtés un homme qui connaissait le monde.
- Si jamais j'accepte, qu'est-ce qui me prouve que vous m'aiderez vraiment?
     L'homme la regarda un instant, le visage parfaitement impassible puis lui répondit :
- Tu es brillante pour une elfe, et tu mérite une garantie. Je te jure, sur l'honneur de mes pairs, que je ne trahirai ma promesse.
- Qui sont donc vos pères, vous en avez plusieurs?
     Glamariel avait fait exprès de dire une chose aussi stupide, elle voulait tester sa réaction. Il sembla avoir décelé le piège, car il dit simplement :
- Hé bien, par pairs, je veux dire amis, collègues, les Ombragés.
- les... OmbragésÖ pasÖ ceux qui battent les voleurs dans les grandes villes???
- Si, si, eux même, mais.. je suis à la retraite. Enfin, vous acceptez? Je n'ai pas que ça à faire!
     Glamariel attendit encore un peu, puis accepta d'un signe de tête.
- Bien, alors, Gamariel, nous partirons demain à l'aube, reposez vous pendant ce temps!

***
15
    Le chemin était inégal, et les chevaux avançaient en enfonçant leurs sabots dans la boue qui éclaboussait en toutes les directions. Glamariel avait la tête lourde, elle oscillait dangereusement d'un côté à l'autre à chaque pas de la bête, lui donnant une migraine terrible à l'elfe. qui tentait de rester sur le cheval que lui avait procuré son nouveau compagnon.
- Par où comptez-vous commencer vos recherches? interrogea-t-elle, pour briser le silence qui la mettait mal à l'aise.
     L'homme lui jeta un regard avant de dire qu'une voix atone :
- Nous allons retourner à la place où je vous ai trouvé, peut-être que l'énergie qui à transporté ce Quantal est encore présente.
- Vous sauriez la capter et l'interpréter?
- Peut-être, tu ne me connais pas, tu ne sais rien de mes pouvoirs, fait bien attention de ne jamais me trahir, car tu pourrais avoir des surprises.
     Glamariel ne savait pas pourquoi il lui avait fait cette menace, peut-être avait-il lu dans ses pensées qu'elle voulait lui faire faux bond dès qu'elle aurait retrouvé Quantal. Elle n'osa plus prononcer quoique ce soit de la journée, et ils établirent leur campement en bordure de la route, un peu en retrait dans les sous bois.

16
    Le dîner fut silencieux. Glammariel, habitué aux cris des oiseaux, au ruissellement des eaux de pluie et aux innombrables chants du petit peuple, se sentait mal a l'aise et très seule dans le silence qui enveloppait leur campement. Repensant a Quantal, la colère monta en elle.
- Quand me rendrez-vous mon Cristal? dit-elle soudain.
- Je te l'ai dit, je le garde.
- Pourquoi cherchez vous ces pierres, quelles signification ont-elles pour que...
- Si tu compte sur ma protection, mieux vaudrait pour toi d'éviter les questions.
    Tamlan fit signe a l'Elfe de se coucher, ce qu'elle fit, et monta la garde toute la nuit. Parfois revenait a son oreille l'éclat d'un rire, et à son esprit le visage joyeux d'une jeune fille, mais il resta vigilant malgré le vent froid qui balayait son âme.

17
    Étendue sur le sol, Glamariel osait à peine jeter des coups d'oeil en coin à Tamlan. Il semblait être du style à ne pas vouloir parler, ni répondre aux questions, or l'elfe avait grand besoin que quelqu'un éclaire sa lanterne. Elle brûlait d'envie de poser d'autres questions, mais elle avait trop peur de l'accueil glacial qu'elles recevrait pour oser.
    Pendant la nuit, l'elfe dormit peu, constamment réveillée par des sensations étranges. Elle doutait maintenant de pouvoir faire confiance à Tamlan. Il ne semblait pas très digne de confiance, avec son faciès crispé par ses pensées. Glamariel tenta de ne plus y penser, et retourna dans le monde des rêves pour tenter d'y trouver un certain réconfort.

***
18
[...]lorsqu'elle sentit le vent se lever et la terre frissonner, elle comprit...elle comprit "Ombrageux". [...]

***
19
    A l'aube, Glammariel ouvrait doucement les yeux pour ne pas effrayer l'Homme; dans la lumière naissante et la rosée parfumée, comme a chaque réveil, ses yeux se chargèrent de tout l'éclat du premier matin du monde. Ils sont la porte vers un monde intérieur porteur du savoir initial, de sorte que les rares personnes a les avoir contemple n'ont jamais retrouve la joie vivre, s'effrayant de leurs frères, les hommes, et préférant la compagnie mortelle des serpents. Elle avait besoin de lui et ne pouvait se permettre de l'envoyer a la mort. Mais, en se levant, elle s'aperçut que Tamlan se tenait agenouille a quelques pas du camp et chantait très bas. lorsqu'elle sentit le vent se lever et la terre frissonner, elle comprit. La poussière enveloppait la silhouette maintenant diffuse de l'humain, son chant se fit encore plus inaudible etÖ etÖ tout entier il s'effaça avec l'homme. Il se leva et regarda vers le nord ouest :
- Par là.

20
    Glamariel était impressionnée par la magie que possédait l'homme, mais elle doutait tout de même de ses capacités à trouver véritablement celui qu'elle recherchait. Ne pouvant s'empêcher de poser une question, elle finit par demander :
- Comment faîtes-vous pour savoir par où vous diriger?
    Exaspéré, Tamlan lui jeta un regard noir, puis se retourna.
- C'est une magie qui appartient seulement aux nôtres, elle est très puissante et ceci n'est qu'une petite partie de ce que nous pouvons faire. Nous pouvons nous débarrasser facilement de ceux qui nous embêtent, dit-il sombre.
    L'elfe ne sembla pas relever l'allusion car elle continua de poser des questions.
- Mais d'où tirez-vous une telle magie?
- Tais-toi, et ne me dérange plus, car sinon tu n'aura plus de questions à poser, gronda l'homme.
    Le ton sourd de la voix fut si menaçant que l'elfe se figea comme sous l'effet d'un puissant paralysant. Elle continua à ramasser ses affaires puis se mit en route derrière Tamlan qui était parti dès ses affaires rassemblées.

21
    Les deux compagnons forcés avançaient difficilement entre la végétation qui était très dense. Glamariel pensait sans cesse à son alliance pas très avantageuse avec l'homme. Pourquoi donc avait-elle accepté de faire confiance à un tel individu? Sans même y réfléchir, elle s'était encore laissée distancée par l'humain qui ne remarquait pas le retard de sa compagne.
    L'elfe allait repartir quand un bruit sur sa gauche attira son attention. Elle tourna légèrement la tête pour voir arriver une petite bête sauvage.
- Tiens, bonjour toi! Qu'est-ce que tu fais là? Tamlan se retourna pour lui dire de ne pas traîner lorsqu'il vit la créature.
- Laisse les bestioles là où elles sont!
    La bête releva alors la tête et lança un jet acide sur l'humain.

***
22
    Quelques mois passèrent, mais le temps n'avait d'importance ni pour Tamlan ni pour Glamarielle; leurs quêtes étaient trop précieuses. En ce jour de fin de printemps, l'Elfe demanda a son compagnon de voyage:
- Crois-tu sincèrement ,L'Homme, que tu connais la direction? il me semble que nous faisons routes depuis trop longtemps. Je pense même que j'aurais plus de chances que toi de retrouver mon ami, de plus... Le regard triste de Tamlan la fit se taire. Excuse moi , je ne voulais pas...
- Tu ne veux rien. Ton égoïsme est la raison de notre déroute. A cause de toi toutes mes chances de sauver Freya s'évanouissent jour après jour.
    C'était la première fois que l'Homme parlait autant de lui; Freya? qui était-ce? les pierres, sont pour cetteÖ Freya? se dit l'Elfe. Puis elle pris conscience de la critique qu'il venait de lui faire.
- Quoi!?! MA faute? Egoïste?! les humains, tous les mêmes: toujours a rejeter la faute sur les autres.
- Pour ma part je commence a douter de ta véritable "Elféité"...Tu ne sens pas qu'il est là tout près? Depuis des semaines, nous l'avons retrouvé. Mais tes sentiments malsains t'empêche de le voir. Tu ne t'es pas demandé une fois s'il allait bien, s'il désirait encore te voir, si tu méritait de le revoir...Depuis des mois tu n'a fait aucun progrès: toujours entrain de te lamenter et de te créer des illusions.
    La petite Elfe ne voulu rien entendre et fit demi tour en criant qu'il mentait, que si nous étions proche du but rien ne s'opposerait au retrouvailles avec son Esprit panthère et qu'elle n'avait plus besoin de lui.

23
    Glamarielle parcouru un long chemin sans se retourner pour voir ce que devenait Tamlam, mais après de pénibles minutes, elle décida de se reposer et elle tenta de retrouver son souffle. Elle devait réfléchir à ce qui s'était passé, elle avait de la difficulté à se souvenir avec exactitude de tout ce que l'humain lui avait dit depuis ces longs mois de coexistence. Quelques bribes de conversations refaisaient surface dans l'esprit de l'elfe : "Je recherche moi aussi quelqu'un, tête de linotte!... Ces pierres me sont essentielles... J'ai besoin d'elle((s)?).... Tu ne peux rien comprendre, alors laisse tomber..."
     Les mots acerbes de l'humain la blessait encore, elle avait bien sentit quelque chose depuis quelques temps, mais elle n'avais pas interprété cela ainsi. Elle décida de se calmer pour faire appel à son héritage elfique et pu visualiser ce que disait Taalam. Mais comment cet humain avait-il réussi un tel exploit de sensibilité? Sûrement encore son lien avec les Ombrageux...
     Glamarielle se remit donc en route, oubliant presque ses problèmes avec l'humain et ne se préoccupant plus que de retrouver son ami, pourtant, les répliques acides flottaient dans son esprit, heurtant sa sensibilité.

24
    En caressant sa cicatrice, Tamlan se laissait emporter par un sentiment pénible. La petite Glamarielle avait un grand pouvoir sans qu'elle le sache; la façon dont elle soigna sa brûlure a l'acide, quelques mois plus tôt, ne permettait aucun doute: Elle pourrait sauver sa chère Freya,... Mais, elle ne peut pas optimiser ses dons.
- AH! toutes ses possibilités et elle n'en fait rien!!! s'écria-t-il soudain.
- Ne sois pas trop dur avec elle, Si jeune et si loin de son milieu; il lui est impossible de se rendre compte de son vrai rôle. Une Elfe n'est pas faite pour les grands vagabondages et ses pouvoirs ne sont pas fait pour guérir les hommes, mais pour embellir les créations de la Terre . Elle s'éloigne de sa voie et le peuple Freya ne peux plus lui accorder le plein accès à ses dons. Aide la à retrouver son pays et tu sera récompensé.
    La voix paisible et profonde avait surgit du vent qui balayait doucement les hautes herbes, et, au fil de son discours, s'était muée en ombre puis transformée en panthère...
- ... Il faut que je retourne auprès de FreyaÖ Je voyage depuis deux à présent et je ne sais pas si ça en vaut encore la peine. Il faut que je la revoieÖ Si elle n'est pas déjàÖ
- Je veille sur elle depuis que tu veille sur Glamarielle. Accomplis ton devoir, mais n'essais pas de lui faire utiliser ses dons, elle n'est pas encore prête et ne ferait que renforcer le sort jeté sur ta soeur. Ramène la au monde auquel un Elfe doit appartenir, ramène la à la lumière. Son Aura s'obscurci et je craint que les mauvais esprits ne commencent à la tenter... Je protège Freya, son état ne s'aggravera pas. Si tu veux rejoint la, ou suit le chemin qui c'est tracé devant toi: choisis.
    En regardant la Panthère majestueuse qui lui faisait face, L'homme pensa au chemin parcouru  pour la retrouver, lui parler, lui expliquer, il était fatigué, désespéré et voilà que Quantal venait à lui. Il sentit un poids énorme se dissiper au dessus de ses épaules, sourit et se mit en route pou rattraper l'Elfe.

25
     Glamarielle marchait, remuant ses sombres pensées, mais elle entendit tout de même les pas qui se rapprochaient. Elle les identifia rapidement à ceux, traînant de son compagnon humain. "Tiens, qu'est-ce qu'il fait, pourquoi revient-il me voir?" pensa-t-elle.
    L'elfe s'immobilisa et attendit que Tamlam revienne. Lorsqu'il la vit, assise sur une roche, le regardant fixement, il frissonna légèrement. "Elle a d'immenses pouvoirs, mais elle n'en a pas conscience", médita-t-il.
- Bonjour Elfe, euh... je voudrais... m'excuser, dit-il simplement.

26
    Tamlam avait pensé bien longtemps à quel pays pouvait faire allusion Quantal lorsqu'il comprit que la panthère parlait tout simplement de sa patrie, celle des elfes, la pays secret que tous connaissaient mais qu'aucun ne connaissait l'emplacement. "Comment faire pour rejoindre un endroit que l'on ne connaît même pas" pensait-il. Il jeta un regard à l'elfe qui n'avait pas dit un mot depuis bien longtemps. Elle restait silencieuse, elle aussi plongée dans une profonde réflexion, mais Tamlam n'avait pas réussi encore à deviner sur quoi elle portait.

27
- Après tout ce temps que nous avons passé à errer, je ne connais finalement rien sur tes origines, petite elfe... continua-t-il en espérant qu'elle ne s'appesantirait pas sur les acerbes paroles qu'il avait proféré quelques temps auparavant. Je crois que le temps des questions est venu: nous ne pouvons pas continuer de cheminer ensemble en étrangers.
     Glamariel le fixait du regard, hésitant entre la colère qui la rongeait encore, la stupéfaction de voir son compagnon forcé venir à elle avec une expression sereine et moins troublée que d'habitude, et l'excitation de connaître enfin la réponse à toutes les questions qui la travaillaient depuis des lunes... Elle opta finalement pour un comportement passe-partout...
- Que veux-tu savoir au juste? avança-t-elle d'un ton qu'elle voulait neutre.

28
    L'étonnement de Tamlam se fit très lisible sur son visage.
- Mais... euh... je veux savoir qui tu es, d'où tu viens, qui est ta famille... Je voudrais apprendre à te connaître un peu mieux pour essayer de ne pas te blesser inutilement. ajouta-t-il lorsqu'il constata sa mine dubitative.
    Glamarielle ne savait pas si elle avait réellement envie de parler d'elle. Elle gardait encore rancune des paroles acides de l'humain, mais elle commençait tout de même à s'attacher un peu à l'humain. Malgré tout ce qu'il pouvait dire et faire, il restait un être vivant qui peut commettre des erreurs.
- Hé bien... pourquoi vous ne commenceriez pas? Ce serait une preuve de bonne foi, et je pourrais peut-être plus aisément vous faire confiance par la suite.