2
Elle revoyait devant ses yeux la rencontre qui avait attiré
le félin vers elle. L'elfe avait été attaquée
par quelques voleurs de grand chemin, et entendant ses cris de détresse,
l'animal était venu à son aide. Elle se demandait encore
comme une bête pouvait avoir voulu sauver une créature intelligente,
mais préférait ne pas trop se poser de questions. Revint
ensuite l'image quelle avait vécu alors qu'elle était assise
sous un arbre le félin couché sur elle, la tête reposant
sur ses jambes croisées, caressant doucement l'encolure de l'animal.
Le poil noir de la panthère était si soyeux!
Tout à coup, elle fut distraite de ses pensées
par un bruit qui ne venait pas de la direction où elle savait l'animal.
3
A l'aube, les premiers vents se levèrent, caressant
le visage de L'elfe endormit. en ouvrant les yeux elle s'aperçu
que Tamlan n'était plus là. Partit? le bruit d'une longue
inspiration la fit se lever. elle découvrit l'homme, agenouillé,
les yeux baissé vers la terre. Elle ne sut dire a quoi lui faisait
penser cette image,...un rituel? une méditation? Elle fit le vide
dans son esprit et s'assit a côté du feu mourrant sans détourner
les yeux. Tamlan avait un air sombre et pourtant paisible, est ce que ses
anciens camarades étaient comme lui?... elle comprit d'où
venait le nom des Ombrageux. Elle regardait la flamme de l'âme danser
et envelopper la silhouette puissante qui semblait se fondre avec l'air
et les arbres et le sol et ...et ...Le souffle coupé; il avait disparut,
son corps s'était dispersé en une infinité d'atomes
pour se reformer l'instant d'après . Il leva la tête et dit
d'une voix claire et sûre:
- Par là.
4
A la limite extrême de la lumière émise
par le feu de camp crépitant, elle vit les feuilles du sous-bois
s'agiter faiblement, avant de cracher une ombre furtive... Celle-ci semblait
se fondre avec le sol, se déplaçant comme en un glissement
silencieux. La lumière tremblotante des flammes semblait absorbée
par la créature, et Glamariel eut soudain l'impression que c'était
les ténèbres mêmes de la nuit qui s'épaississaient...
***
5
Au même moment, dans une ruelle sombre de la ville-relais
de Dagra, un homme ouvrait ses yeux après des heures de coma. Tamlan
se flatta d'avoir survécut au puissant poison versé dans
sa cervoise par le revendeur de Kâmenn. C'est qu'il était
bien battit, et il s'étonna qu'un petit bougre eu l'audace de s'attaquer
(lâchement, soit) à lui. Il se retrouvait évidemment
sans bourse, sans armes et sans ces maudites pierres pour lesquelles il
avait traversé tout le pays.
***
6
Glamariel regardait en tout sens pour essayer de trouver
la source de cet ombre qui avait disparu, mais ne trouva rien. Elle entendit
le sombre grognement qui lui était presque familier de la bête
enfouie dans les feuillages. L'animal sortit à la lueur du feu,
fit le tour de lui en lançant des regards à chaque coin,
et finalement il s'effondra devant les flammes.
- Ce devait être un animal sauvage, dit-il paresseusement. La
jeune elfe ne s'habituerait jamais à entendre un animal parler,
même si elle savait qu'il était un humain auparavant.
- Quantal, dit-moi, veux-tu enfin me raconter comment tu es devenu
un... animal?
7
La panthère étouffa le bâillement
qui étirait sa mâchoire pour commencer à raconter l'histoire
qu'il avait tant de fois narré avec toujours la même mélancolie.
- Hé bien, avant que je ne soit transformé, j'étais
un mage assez puissant, quoique très vaniteux, et lorsque quelqu'un
de plus puissant que moi me proposa un duel, je níai pu m'empêcher
d'accepter, et j'ai perdu, alors il m'a condamné à errer
jusqu'à ce que je trouve une solution à ma malédiction.
Il m'a laissé l'usage de la parole pour me permettre encore quelques
sorts, mais mon registre n'est plus ce qu'il était. Je ne pourrai
reprendre ma forme originale lorsque j'aurai fait 10 gestes très
courageux, et je peux dire que cela me fait peur. Avant, sous ma forme
humaine, je n'aurais jamais osé avouer que j'avais peur, mais à
présent, tout est bien plus différent, on voit tout sous
un autre angle lorsqu'on entre dans la peau d'un autre. Mais toi, que fais-tu
dans cette forêt à te faire attaquer ainsi? Une fille comme
toi ne devrais pas être là, seule, dans les bois!
8
Glamariel fixa les flammes quelques instants avant de
parler.
- Avant je vivais dans une ville, une des plus grande, elle se nommait
Coloutardes, et j'y était avec ma famille, mais un jour, mon père
a disparut, et alors d'affreuses rumeurs ont commencés à
circuler, il avait l'intention de faire un coup d'état, il trahissait
ma mère avec une humaine, et d'autres sornettes aussi peu fondées
que si on disait que les astres étaient des petits feux qui brûlent
dans le lointain. Nous avons alors commencé à être
ridiculisé publiquement. Ma mère, ne pouvant plus en supporter
d'avantage nous fit déménager mes frères et moi dans
une petite maison en lisière de la ville, mais les gens interprétèrent
cette démarche comme une fuite, et nous fument pourchassés
pour être enfermés dans les geôles du château
du seigneur, mais j'ai pu y échapper, alors je suis proscrite dans
cette cité, si j'y remet les pieds, je serai exécuté
pour avoir fuit la justice.
- Quel terrible châtiment... je suis triste pour toi l'elfe,
dit Quantal.
Glamariel détestait se faire appeler l'elfe,
mais elle devait l'accepter, car la panthère ne lui avait donné
aucun autre nom que celui la.
9
Vlad rampait maintenant péniblement dans les fourrés,
s'appliquant à être le plus silencieux possible. Il síarrêta
bientôt pour porter son regard en direction de la clairière.
Dans sa position il ne pouvait encore voir que les flammes du campement
qui dansaient entre les brindilles. Le moment viendrait bien où
il devrait se relever, il le savait, il ne pourrait atteindre la fillette
avec précision sans distinguer sa silhouette. Il connaissait bien
sûr les techniques permettant de repérer une cible au son
de sa voix, mais celle-ci, il devait impérativement la toucher en
plein coeur. Le bourgmestre de Coloutardes avait été plus
que clair sur la question, et la prime promise était largement à
la hauteur de la tâche. Vlad se releva donc avec toute la dextérité
et la prudence qu'il avait acquise durant ses longues années de
chasse à l'homme. Bien qu'étant imperceptibles de l'extérieur,
l'homme sentait bien les tremblements qui agitaient son corps. Il était
enlacé par la peur, et pour cause! Il avait bien failli se faire
repérer lors de sa première tentative quelques minutes plus
tôt, et une autre personne, repérée à sa voix,
accompagnait encore la jeune elfe. Le chasseur de prime se tint bientôt
debout malgré la crainte qui le tiraillait. Il voyait maintenant
l'elfe, tournée vers le feu. Seul, un grand félin était
étendu à ces côtés, la seconde personne dont
il avait entendu la voix devait donc être dissimulée quelque
part, mais où? Tant pis, l'occasion était trop belle et l'image
de la récompense revenait déjà à l'esprit de
Vlad. Il banda son arc, visa. Un frémissement traversa le corps
du félin, il faudrait encore éliminer ce gros matou, voir
même contrer une éventuelle attaque, c'était risqué...
La prime toucha à nouveau ses pensées, la flèche enchantée
parti droit sur sa cible.
10
Glamariel entendit le sifflement, vit Quantal foncer vers
elle, puis la douleur au flanc, le métal entrant dans ses chaires,
et puis tout se passa au ralentit. La contraction des muscles de la panthère,
le cri qu'elle avait jeté, la chute du corps qui devait être
celui de son agresseur, la vue qui se brouilla, puis le doux visage qui
lui semblait familier qui la regardait tristement. Soudainement, elle le
reconnut.
- Qu... Quantal... Je crois que j... je meurs. Je... tout devient si
sombre... mais... j'était ta... dixième bonne action?
Lorsqu'elle vit le sourire triste de l'humain qui
la maintenait dans ses bras près de sa poitrine réconfortante,
elle comprit qu'elle l'avait libéré du mauvais sort qui l'accablait.
- Glamariel, je te suis reconnaissant, tu m'as aidé à
redevenir moi-même, mais changé. Je suis heureux, au lieu
d'être acerbe. Tu m'as changé en quelque chose de meilleur,
et pour te remercier, je vais te donner un cadeau.
- Mais... je ne pourrai pas m'en servir, je... vais mourir, et seuls
les pr... prêtres ont des pouvoirs de guérison assez f...
forts pour me soigner.
L'homme sourit à nouveau, mais cette
fois avec plus de conviction.
- Il se trouve, l'elfe, que j'ai quelques petits cadeaux que m'a laissé
un prêtre après que je l'ait aidé sous ma forme animale...
Il déposa doucement l'elfe sur le sol,
lui baisa le front, et y posa un petit cristal qui émit un sifflement
en lançant des éclats de couleur en tout sens. Bientôt,
Glamariel sentit la douleur s'estomper, et au travers du voile de brouillard
qui la recouvrait du monde extérieur, elle entendit la voix de Quantal
dire :
- Hey l'elfe, ce sort permet de te soigner, mais il nous sépare
jusqu'à ce que nous nous retrouverions, je te souhaite bonne route,
et en espérant te revoir un jour peut-être. Adieu."
Glamariel posa la tête sur le sol, et
vit l'homme qui lui avait tiré cette flèche dont elle sentait
encore la pointe en elle, malgré les effets du sort. Le bout de
métal était resté en elle. L'elfe conçu pour
le première fois de sa vie une haine terrible, mais sa vengeance
dut attendre, car elle tomba inconsciente, étendue sur le sol, complètement
dépourvue d'aide.
***
11
Les paupières de Glamariel étaient dures
à écarter, plus lourdes que jamais auparavant. Elles semblaient
être deux rocs inamovibles. Puis, la lumière s'offrit à
ses yeux trop sensibles par la longue période d'obscurité
qu'ils avaient vécu. Lorsque enfin ses paupières s'écartèrent,
elle pu constater qu'elle n'était plus dans la forêt mais
dans une maison au charmant décor accueillant. Les murs étaient
en bois, les meubles usés mais semblaient confortables, et les rideaux
malgré leurs trous dégageait une espèce de personnalité
qui émanait sûrement de leur longue histoire. Se dressant
sur un coude, Glamariel écouta attentivement les sons que produisait
la maison. Quelques craquements causés par des pas, des chuchotements,
des glissement, des éclats de rire réprimés tout de
suite par un "chut" plus sonore que les rires, etc. Finalement, la porte
de la pièce dans laquelle se trouvait l'elfe s'ouvrit pour montrer
une femme grassouillette au visage empourpré qui sursauta en la
voyant ainsi dressée dans la lit.
- Bonjour mademoiselle, je suis désolée de vous réveiller,
mais... mais j'étais venue chercher des couvertures pour Delvam.
Glamariel se sentait perdue, et elle ne savait
quelle question poser en premier.
12
- Où suis-je? qui êtes-vous? qu'est-ce qui c'est passé?
qui est Devlam? qui,... que,... je...
Glamariel avait tenté de poser toutes
les questions qui lui torturait l'esprit, mais elle n'arrivait plus à
parler, elle avait la bouche trop pâteuse. La femme devant elle sembla
s'en rendre compte et sortit en trombe de la chambre pour aller chercher
un peu d'eau et la lui donna à boire. Avalant goulûment le
liquide rafraîchissant, l'elfe se détendit un peu, et lorsqu'un
petit garçon entra dans la chambre, elle pu le regarder autrement
que comme une menace, comme elle l'avait fait pour sa mère. L'enfant
avait les yeux de sa mère, mais ils étaient rougis par la
grippe qui l'infectait.
- Devlam, je t'avais dit de m'attendre dans ton lit, tu risque d'infecter
toute la maison! allez, viens mon coeur, ce n'est pas grave, nous allons
simplement aérer la maison avant leur retour!
- Maman, qui est-ce, interrogea-t-il en regardant Glamariel.
- C'est...
- Je vais me présenter, madame, je suis Glamariel, une elfe
venant de Tramark, une ville du sud, et toi, tu est Devlam? c'est un joli
nom!
Le sourire radieux de Devlam sut raviver Glamariel
autant que si elle avait passé des journées à se soigner.
13
- Bien Devlam, retourne dans ton lit avant de rendre cette demoiselle
malade!
Le petit garçon quitta la chambre de l'elfe
sans perdre son sourire émerveillé, après tout, c'était
la première fois qu'il en voyait une en vrai.
- Ou sommes-nous, je vous prie? demanda Glamariel.
- A Dagra, c'est une ville importante mais dangereuse; beaucoup de
commerce, de marché noir et de brigands... Enfin, vous avez eu de
la chance, mon enfant, de ne pas tomber sur l'un d'eux.
- mmmh... Je ne me souviens de rien - l'image de Quantal lui traversa
l'esprit- ...presque rien. Qui m'a amené ici? Est-ce vous?
- Oh non! je n'vais plus dans les bois depuis longtemps, c'est Tamlan
qui vous a trouvé.
- Oui c'est moi. Aubergiste, merci de tes soins, j'aimerais lui parler
a présent.
La haute silhouette de l'homme apparut soudain devant
la porte. il entra, prit une chaise et, sans laisser Glamariel dire un
mot, il commença:
- Je sais qui tu es; tu a parlé dans ton sommeil. Je suis Tamlan
, Guerrier, et je viens de très loin. Je cherche un certains nombre
de Kâmmen, quand je t'ais trouvé tu en avais un sur toi. Je
le garde en guise de récompense pour t'avoir aidé et...
- Mon cristal... rends le moi!
- Je n'ais pas fini! Glamariel se tut, Faisons un marché: tu
cherche à retrouver Quantal et moi ces pierres, alors faisons équipe,
je te protègerais et vous me paierez avec des Kâmmen . Qu'en
dis-tu?
14
Glamariel se permit de détailler l'homme,
de la tête aux pieds. Il était grand, avait des cheveux bruns
un peu en bataille, et des yeux verts qui semblaient refléter la
lumière, comme les yeux des chats. Le marché que lui proposait
l'homme lui semblait à peine acceptable. Faire équipe avec
cet... ce guerrier. Impensable. Mais pourtant, elle allait avoir besoin
d'aide pour retrouver Quantal, et rien ne pourrait l'aider plus que d'avoir
à ses côtés un homme qui connaissait le monde.
- Si jamais j'accepte, qu'est-ce qui me prouve que vous m'aiderez vraiment?
L'homme la regarda un instant, le visage parfaitement
impassible puis lui répondit :
- Tu es brillante pour une elfe, et tu mérite une garantie.
Je te jure, sur l'honneur de mes pairs, que je ne trahirai ma promesse.
- Qui sont donc vos pères, vous en avez plusieurs?
Glamariel avait fait exprès de dire
une chose aussi stupide, elle voulait tester sa réaction. Il sembla
avoir décelé le piège, car il dit simplement :
- Hé bien, par pairs, je veux dire amis, collègues, les
Ombragés.
- les... OmbragésÖ pasÖ ceux qui battent les voleurs dans les
grandes villes???
- Si, si, eux même, mais.. je suis à la retraite. Enfin,
vous acceptez? Je n'ai pas que ça à faire!
Glamariel attendit encore un peu, puis accepta
d'un signe de tête.
- Bien, alors, Gamariel, nous partirons demain à l'aube, reposez
vous pendant ce temps!
***
15
Le chemin était inégal, et les chevaux
avançaient en enfonçant leurs sabots dans la boue qui éclaboussait
en toutes les directions. Glamariel avait la tête lourde, elle oscillait
dangereusement d'un côté à l'autre à chaque
pas de la bête, lui donnant une migraine terrible à l'elfe.
qui tentait de rester sur le cheval que lui avait procuré son nouveau
compagnon.
- Par où comptez-vous commencer vos recherches? interrogea-t-elle,
pour briser le silence qui la mettait mal à l'aise.
L'homme lui jeta un regard avant de dire qu'une
voix atone :
- Nous allons retourner à la place où je vous ai trouvé,
peut-être que l'énergie qui à transporté ce
Quantal est encore présente.
- Vous sauriez la capter et l'interpréter?
- Peut-être, tu ne me connais pas, tu ne sais rien de mes pouvoirs,
fait bien attention de ne jamais me trahir, car tu pourrais avoir des surprises.
Glamariel ne savait pas pourquoi il lui avait
fait cette menace, peut-être avait-il lu dans ses pensées
qu'elle voulait lui faire faux bond dès qu'elle aurait retrouvé
Quantal. Elle n'osa plus prononcer quoique ce soit de la journée,
et ils établirent leur campement en bordure de la route, un peu
en retrait dans les sous bois.
16
Le dîner fut silencieux. Glammariel, habitué
aux cris des oiseaux, au ruissellement des eaux de pluie et aux innombrables
chants du petit peuple, se sentait mal a l'aise et très seule dans
le silence qui enveloppait leur campement. Repensant a Quantal, la colère
monta en elle.
- Quand me rendrez-vous mon Cristal? dit-elle soudain.
- Je te l'ai dit, je le garde.
- Pourquoi cherchez vous ces pierres, quelles signification ont-elles
pour que...
- Si tu compte sur ma protection, mieux vaudrait pour toi d'éviter
les questions.
Tamlan fit signe a l'Elfe de se coucher, ce qu'elle
fit, et monta la garde toute la nuit. Parfois revenait a son oreille l'éclat
d'un rire, et à son esprit le visage joyeux d'une jeune fille, mais
il resta vigilant malgré le vent froid qui balayait son âme.
17
Étendue sur le sol, Glamariel osait à
peine jeter des coups d'oeil en coin à Tamlan. Il semblait être
du style à ne pas vouloir parler, ni répondre aux questions,
or l'elfe avait grand besoin que quelqu'un éclaire sa lanterne.
Elle brûlait d'envie de poser d'autres questions, mais elle avait
trop peur de l'accueil glacial qu'elles recevrait pour oser.
Pendant la nuit, l'elfe dormit peu, constamment
réveillée par des sensations étranges. Elle doutait
maintenant de pouvoir faire confiance à Tamlan. Il ne semblait pas
très digne de confiance, avec son faciès crispé par
ses pensées. Glamariel tenta de ne plus y penser, et retourna dans
le monde des rêves pour tenter d'y trouver un certain réconfort.
***
18
[...]lorsqu'elle sentit le vent se lever et la terre frissonner, elle
comprit...elle comprit "Ombrageux". [...]
***
19
A l'aube, Glammariel ouvrait doucement les yeux
pour ne pas effrayer l'Homme; dans la lumière naissante et la rosée
parfumée, comme a chaque réveil, ses yeux se chargèrent
de tout l'éclat du premier matin du monde. Ils sont la porte vers
un monde intérieur porteur du savoir initial, de sorte que les rares
personnes a les avoir contemple n'ont jamais retrouve la joie vivre, s'effrayant
de leurs frères, les hommes, et préférant la compagnie
mortelle des serpents. Elle avait besoin de lui et ne pouvait se permettre
de l'envoyer a la mort. Mais, en se levant, elle s'aperçut que Tamlan
se tenait agenouille a quelques pas du camp et chantait très bas.
lorsqu'elle sentit le vent se lever et la terre frissonner, elle comprit.
La poussière enveloppait la silhouette maintenant diffuse de l'humain,
son chant se fit encore plus inaudible etÖ etÖ tout entier il s'effaça
avec l'homme. Il se leva et regarda vers le nord ouest :
- Par là.
20
Glamariel était impressionnée par
la magie que possédait l'homme, mais elle doutait tout de même
de ses capacités à trouver véritablement celui qu'elle
recherchait. Ne pouvant s'empêcher de poser une question, elle finit
par demander :
- Comment faîtes-vous pour savoir par où vous diriger?
Exaspéré, Tamlan lui jeta un regard
noir, puis se retourna.
- C'est une magie qui appartient seulement aux nôtres, elle est
très puissante et ceci n'est qu'une petite partie de ce que nous
pouvons faire. Nous pouvons nous débarrasser facilement de ceux
qui nous embêtent, dit-il sombre.
L'elfe ne sembla pas relever l'allusion car elle
continua de poser des questions.
- Mais d'où tirez-vous une telle magie?
- Tais-toi, et ne me dérange plus, car sinon tu n'aura plus
de questions à poser, gronda l'homme.
Le ton sourd de la voix fut si menaçant que
l'elfe se figea comme sous l'effet d'un puissant paralysant. Elle continua
à ramasser ses affaires puis se mit en route derrière Tamlan
qui était parti dès ses affaires rassemblées.
21
Les deux compagnons forcés avançaient
difficilement entre la végétation qui était très
dense. Glamariel pensait sans cesse à son alliance pas très
avantageuse avec l'homme. Pourquoi donc avait-elle accepté de faire
confiance à un tel individu? Sans même y réfléchir,
elle s'était encore laissée distancée par l'humain
qui ne remarquait pas le retard de sa compagne.
L'elfe allait repartir quand un bruit sur sa gauche
attira son attention. Elle tourna légèrement la tête
pour voir arriver une petite bête sauvage.
- Tiens, bonjour toi! Qu'est-ce que tu fais là? Tamlan se retourna
pour lui dire de ne pas traîner lorsqu'il vit la créature.
- Laisse les bestioles là où elles sont!
La bête releva alors la tête et lança
un jet acide sur l'humain.
***
22
Quelques mois passèrent, mais le temps n'avait
d'importance ni pour Tamlan ni pour Glamarielle; leurs quêtes étaient
trop précieuses. En ce jour de fin de printemps, l'Elfe demanda
a son compagnon de voyage:
- Crois-tu sincèrement ,L'Homme, que tu connais la direction?
il me semble que nous faisons routes depuis trop longtemps. Je pense même
que j'aurais plus de chances que toi de retrouver mon ami, de plus... Le
regard triste de Tamlan la fit se taire. Excuse moi , je ne voulais pas...
- Tu ne veux rien. Ton égoïsme est la raison de notre déroute.
A cause de toi toutes mes chances de sauver Freya s'évanouissent
jour après jour.
C'était la première fois que l'Homme
parlait autant de lui; Freya? qui était-ce? les pierres, sont pour
cetteÖ Freya? se dit l'Elfe. Puis elle pris conscience de la critique qu'il
venait de lui faire.
- Quoi!?! MA faute? Egoïste?! les humains, tous les mêmes:
toujours a rejeter la faute sur les autres.
- Pour ma part je commence a douter de ta véritable "Elféité"...Tu
ne sens pas qu'il est là tout près? Depuis des semaines,
nous l'avons retrouvé. Mais tes sentiments malsains t'empêche
de le voir. Tu ne t'es pas demandé une fois s'il allait bien, s'il
désirait encore te voir, si tu méritait de le revoir...Depuis
des mois tu n'a fait aucun progrès: toujours entrain de te lamenter
et de te créer des illusions.
La petite Elfe ne voulu rien entendre et fit demi
tour en criant qu'il mentait, que si nous étions proche du but rien
ne s'opposerait au retrouvailles avec son Esprit panthère et qu'elle
n'avait plus besoin de lui.
23
Glamarielle parcouru un long chemin sans se retourner
pour voir ce que devenait Tamlam, mais après de pénibles
minutes, elle décida de se reposer et elle tenta de retrouver son
souffle. Elle devait réfléchir à ce qui s'était
passé, elle avait de la difficulté à se souvenir avec
exactitude de tout ce que l'humain lui avait dit depuis ces longs mois
de coexistence. Quelques bribes de conversations refaisaient surface dans
l'esprit de l'elfe : "Je recherche moi aussi quelqu'un, tête de linotte!...
Ces pierres me sont essentielles... J'ai besoin d'elle((s)?).... Tu ne
peux rien comprendre, alors laisse tomber..."
Les mots acerbes de l'humain la blessait encore,
elle avait bien sentit quelque chose depuis quelques temps, mais elle n'avais
pas interprété cela ainsi. Elle décida de se calmer
pour faire appel à son héritage elfique et pu visualiser
ce que disait Taalam. Mais comment cet humain avait-il réussi un
tel exploit de sensibilité? Sûrement encore son lien avec
les Ombrageux...
Glamarielle se remit donc en route, oubliant
presque ses problèmes avec l'humain et ne se préoccupant
plus que de retrouver son ami, pourtant, les répliques acides flottaient
dans son esprit, heurtant sa sensibilité.
24
En caressant sa cicatrice, Tamlan se laissait emporter
par un sentiment pénible. La petite Glamarielle avait un grand pouvoir
sans qu'elle le sache; la façon dont elle soigna sa brûlure
a l'acide, quelques mois plus tôt, ne permettait aucun doute: Elle
pourrait sauver sa chère Freya,... Mais, elle ne peut pas optimiser
ses dons.
- AH! toutes ses possibilités et elle n'en fait rien!!! s'écria-t-il
soudain.
- Ne sois pas trop dur avec elle, Si jeune et si loin de son milieu;
il lui est impossible de se rendre compte de son vrai rôle. Une Elfe
n'est pas faite pour les grands vagabondages et ses pouvoirs ne sont pas
fait pour guérir les hommes, mais pour embellir les créations
de la Terre . Elle s'éloigne de sa voie et le peuple Freya ne peux
plus lui accorder le plein accès à ses dons. Aide la à
retrouver son pays et tu sera récompensé.
La voix paisible et profonde avait surgit du vent
qui balayait doucement les hautes herbes, et, au fil de son discours, s'était
muée en ombre puis transformée en panthère...
- ... Il faut que je retourne auprès de FreyaÖ Je voyage depuis
deux à présent et je ne sais pas si ça en vaut encore
la peine. Il faut que je la revoieÖ Si elle n'est pas déjàÖ
- Je veille sur elle depuis que tu veille sur Glamarielle. Accomplis
ton devoir, mais n'essais pas de lui faire utiliser ses dons, elle n'est
pas encore prête et ne ferait que renforcer le sort jeté sur
ta soeur. Ramène la au monde auquel un Elfe doit appartenir, ramène
la à la lumière. Son Aura s'obscurci et je craint que les
mauvais esprits ne commencent à la tenter... Je protège Freya,
son état ne s'aggravera pas. Si tu veux rejoint la, ou suit le chemin
qui c'est tracé devant toi: choisis.
En regardant la Panthère majestueuse qui
lui faisait face, L'homme pensa au chemin parcouru pour la retrouver,
lui parler, lui expliquer, il était fatigué, désespéré
et voilà que Quantal venait à lui. Il sentit un poids énorme
se dissiper au dessus de ses épaules, sourit et se mit en route
pou rattraper l'Elfe.
25
Glamarielle marchait, remuant ses sombres
pensées, mais elle entendit tout de même les pas qui se rapprochaient.
Elle les identifia rapidement à ceux, traînant de son compagnon
humain. "Tiens, qu'est-ce qu'il fait, pourquoi revient-il me voir?" pensa-t-elle.
L'elfe s'immobilisa et attendit que Tamlam revienne.
Lorsqu'il la vit, assise sur une roche, le regardant fixement, il frissonna
légèrement. "Elle a d'immenses pouvoirs, mais elle n'en a
pas conscience", médita-t-il.
- Bonjour Elfe, euh... je voudrais... m'excuser, dit-il simplement.
26
Tamlam avait pensé bien longtemps à
quel pays pouvait faire allusion Quantal lorsqu'il comprit que la panthère
parlait tout simplement de sa patrie, celle des elfes, la pays secret que
tous connaissaient mais qu'aucun ne connaissait l'emplacement. "Comment
faire pour rejoindre un endroit que l'on ne connaît même pas"
pensait-il. Il jeta un regard à l'elfe qui n'avait pas dit un mot
depuis bien longtemps. Elle restait silencieuse, elle aussi plongée
dans une profonde réflexion, mais Tamlam n'avait pas réussi
encore à deviner sur quoi elle portait.
27
- Après tout ce temps que nous avons passé à errer,
je ne connais finalement rien sur tes origines, petite elfe... continua-t-il
en espérant qu'elle ne s'appesantirait pas sur les acerbes paroles
qu'il avait proféré quelques temps auparavant. Je crois que
le temps des questions est venu: nous ne pouvons pas continuer de cheminer
ensemble en étrangers.
Glamariel le fixait du regard, hésitant
entre la colère qui la rongeait encore, la stupéfaction de
voir son compagnon forcé venir à elle avec une expression
sereine et moins troublée que d'habitude, et l'excitation de connaître
enfin la réponse à toutes les questions qui la travaillaient
depuis des lunes... Elle opta finalement pour un comportement passe-partout...
- Que veux-tu savoir au juste? avança-t-elle d'un ton qu'elle
voulait neutre.
28
L'étonnement de Tamlam se fit très
lisible sur son visage.
- Mais... euh... je veux savoir qui tu es, d'où tu viens, qui
est ta famille... Je voudrais apprendre à te connaître un
peu mieux pour essayer de ne pas te blesser inutilement. ajouta-t-il lorsqu'il
constata sa mine dubitative.
Glamarielle ne savait pas si elle avait réellement
envie de parler d'elle. Elle gardait encore rancune des paroles acides
de l'humain, mais elle commençait tout de même à s'attacher
un peu à l'humain. Malgré tout ce qu'il pouvait dire et faire,
il restait un être vivant qui peut commettre des erreurs.
- Hé bien... pourquoi vous ne commenceriez pas? Ce serait une
preuve de bonne foi, et je pourrais peut-être plus aisément
vous faire confiance par la suite.